Archives de la catégorie Reflexion

Il est sorti le nouveau numéro de « La Voix des sans-papiers »

LA VOIX DES SANS-PAPIERS • N° 2

bulletin du mouvement et des collectifs de lutte autonomes

N° 2 • Mercredi 8 Décembre 2010

Le pdf de la Voix des sans-papiers est téléchargeable gratuitement sur son site :
http://www.mondialisme.org/spip.php?rubrique131

« SANS-PAPIERS, SANS DROITS, ÉCRASÉS PAR LA LOI ! »
L’air en Europe devient de plus en plus irrespirable pour les sans-papiers.
En Italie, ils montent en haut de grues (Brescia), de tours industrielles (Milan), et ne veulent plus descendre, au risque de leurs vies, pour revendiquer des régularisations promises et niées pour lesquelles ils ont versé des milliers d’euros à un État-vautour ainsi qu’à d’autres vautours sociaux.
En France, en région parisienne, à Colombes, un sans-papiers malien, membre du collectif du 92, interpellé chez lui, taserisé, tué, puisque, nous dit-on, il avait pété les plombs en essayant de s’enfuir. À Vincennes, au Mesnil-Amelot, les centres de rétention de nouveau en révolte, parce que les sans-papiers y sont laissés « crever de froid, de faim et de maladie », dans des conditions qu’on refuserait à des bêtes.
Et partout cette banalité du mal, à tous les échelons de la vie sociale, cette intime corruption des consciences en vertu de laquelle il est normal d’asseoir ses fortunes, grandes ou petites, privées et publiques, sur l’enfer qu’on fait subir aux damnés de ce monde.
Dans cet état des choses, un rêve, éveillé. Ou, si l’on veut, un apologue, en deux
tableaux, une moralité.
Premier tableau. On y voit les sans-papiers formant un seul être, et ce large corps unique, comme un pachyderme immergé dans la mare fléchée « douce France ». Le rêveur de passage qui le voit poursuit sa route mais en avançant il revient en arrière, il revoit le géant qui entre dans l’eau, la tête troublée par l’idée fixe : « heureux pays des Droits de l’homme ». Ce n’est pas pour rien que pachyderme veut dire peau épaisse. Le grand corps immergé ne l’est pas dans une mare charmante mais dans un sombre marais : sa peau épaisse n’est pas imperméable seulement à l’eau, elle l’est aussi à l’expérience sensible du marécage, il y berce son âme offusquée par la vase que soulèvent ses moindres mouvements, dans le doux pays des Droits.
Second tableau. L’énorme créature refait surface, et c’est maintenant un hippopotame géant que voit le rêveur. Il ne sort son mufle que pour respirer, il secoue sa croupe hors de l’eau pour la libérer des sangsues qui l’habitent. Mais, à l’air libre, d’autres parasites, et ça voltige et ça se rue. Car il y a, au-dessus de la mare, tout un monde de petits êtres voraces, moustiques et autres moucherons suceurs, l’air en est noir et irrespirable. Aussi voilà ce qu’aperçoit encore notre rêveur : la créature géante qui replonge son mufle au fond de l’eau, et sa croupe puissante qui l’y suit.
Mais nous, nous ne rêvons pas. Quittons ce rêve avant qu’il nous étouffe, et jusqu’au jour où le géant sorti de l’eau se redressera de toute sa taille pour respirer. Mais maintenant, sortons nous-mêmes prendre un bol d’air frais chez les femmes du 9ème collectif de sans-papiers.

voix.sans.papiers@gmail.com

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Poser les bonnes questions

La traduction d’un tract qui circule dans les rues suisse-allemand.

Un vent de racisme souffle dans notre quotidien. Celui qui a un passé de migrant peut très bien le sentir. Qu’il vienne des flics, des politiciens, des collègues ou de passants. Pourtant, cela nous touche tous. Ce racisme n’est pas le produit d’une simple humeur; les politiciens l’exacerbent, on le remarque quotidiennement. Non, ce racisme est une technique du gouvernement. Il poursuit un objectif.
Pendant qu’il sert de soupape à la frustration des travailleurs, il met en concurrence ceux qui triment en effet de même tous les jours pour une quelconque crevure. Le racisme nous fait dévier de rechercher la cause de nos problèmes dans ces rapports sociaux oppressants. Parce que ceux-ci nous sont imposés par les mêmes personnes, que l’on soit suisse ou migrant-e.
En revanche, pour les gouvernants, le racisme sert de soutien à l’économie. Des caricatures d’ennemis servent de prétexte pour imposer des lois qui, en fin de compte, assurent une exploitation le plus inconditionnelle possible des migrants: la menace toujours plus quotidienne d’être incarcéré pendant des mois et enfin expulsé cherche à les maintenir en laisse comme force de travail bon marché et flexible. En marge des accords migratoires existants avec de nombreux pays, le ministère de l’économie (beaucoup plus que la xénophobie) décide de qui sera « accueilli » et qui ne le sera pas (cela, m麥e l’UDC le sait).
Donc, si on accepte la montée du racisme, on ne fait que le jeu des riches et des gouvernants. Si on le refuse et qu’on rencontre les êtres humains non pas au travers de catégories mais comme des individus, on peut y trouver des complices pour combattre des problèmes qui nous sont finalement communs: l’exploitation et l’autorité.
Poser les bonnes questions
Nous n’avons aucun réponse aux questions du politicien sur les étrangers, le crime et la sécurité. Tout simplement parce que ces questions sont elles-mêmes fausses. Pour nous la question n’est pas, comment l’Etat doit traiter des demandeurs d’asile, des sans-papiers et des « criminels étrangers », mais plutôt: est-ce qu’on veut d’un monde qui enferme les humains entre des frontières, des lois et des murs de prisons? Est-ce qu’on veut d’un ordre social qui livre les hommes à une exploitation sans conditions, qui les enferme pendant des mois et les expulse de force parce qu’ils n’ont pas de papiers d’identité en règle? Est-ce qu’on veut d’une société qui contrôle, isole, exploite, aliène, humilie et finalement déshumanise?
Cernées par toute sorte de marchandises, de styles de vie et de nouvelles technologies, ces questions semblent noyées dans le vide spirituel du quotidien. Les contraintes sociales nous poussent à vivre pour le but, au lieu de vivre dans le moment, à bosser pour s’en tenir, à fonctionner, sans jamais s’arrêter… comme si tout était fait pour qu’on n’ose pas à poser la question des conditions de vie. La poser sérieusement. Car seule une rupture délibérée ou inattendue avec ce quotidien et ses contraintes nous permettrait de nous demander: pourquoi donc comme ça et pas autrement, complètement autrement? Et pourquoi ne pas faire de ce « complètement autre » le point de départ de nos désirs, au lieu de cette triste réalité?
Les questions des politiciens, les votations et les initiatives ne nous intéressent pas, tout simplement, parce qu’ils portent en eux-mêmes la reconnaissance de leur domination. Discuter sur la question, à partir de quelle moment les migrants doivent être expulsés, présuppose déjà en elle-même l’approbation des contrôles, des prisons et des expulsions. Nos questions partent d’un point complètement différent. D’un point de vue éthique. D’une sensibilité libertaire et anti-autoritaire. Personne ne doit être enfermé. Personne ne doit être dominé ou exploité. Tout le monde doit être libre d’autoorganiser leur vies. Pour cela, la fin de l’état est nécessaire. L’insurrection contre les autorités est une question de dignité.
C’est pour cela que nous nous reconnaissons dans les révoltes contre l’oppression, que ce soit dans les centres de rétention ou dans la rue. Quand on parle ici d’éthique, ça n’a rien à voir avec des moralisateurs ou des humanistes. Il s’agit de peser nos conditions de vie et nos rêves. Et, en considération de la réalité qui s’oppose à ces dernières comme un rempart, notre décision ne peut qu’être un déclaration de guerre.
Pour une vie sans papiers ni États!
Déchainons la rage contre toute autorité!
des anarchistes

Un vent de racisme souffle dans notre quotidien. Celui qui a un passé de migrant peut très bien le sentir. Qu’il vienne des flics, des politiciens, des collègues ou de passants. Pourtant, cela nous touche tous. Ce racisme n’est pas le produit d’une simple humeur; les politiciens l’exacerbent, on le remarque quotidiennement. Non, ce racisme est une technique du gouvernement. Il poursuit un objectif.
Pendant qu’il sert de soupape à la frustration des travailleurs, il met en concurrence ceux qui triment en effet de même tous les jours pour une quelconque crevure. Le racisme nous fait dévier de rechercher la cause de nos problèmes dans ces rapports sociaux oppressants. Parce que ceux-ci nous sont imposés par les mêmes personnes, que l’on soit suisse ou migrant-e. En revanche, pour les gouvernants, le racisme sert de soutien à l’économie. Des caricatures d’ennemis servent de prétexte pour imposer des lois qui, en fin de compte, assurent une exploitation le plus inconditionnelle possible des migrants: la menace toujours plus quotidienne d’être incarcéré pendant des mois et enfin expulsé cherche à les maintenir en laisse comme force de travail bon marché et flexible. En marge des accords migratoires existants avec de nombreux pays, le ministère de l’économie (beaucoup plus que la xénophobie) décide de qui sera « accueilli » et qui ne le sera pas (cela, m麥e l’UDC le sait).
Donc, si on accepte la montée du racisme, on ne fait que le jeu des riches et des gouvernants. Si on le refuse et qu’on rencontre les êtres humains non pas au travers de catégories mais comme des individus, on peut y trouver des complices pour combattre des problèmes qui nous sont finalement communs: l’exploitation et l’autorité.
Poser les bonnes questions
Nous n’avons aucun réponse aux questions du politicien sur les étrangers, le crime et la sécurité. Tout simplement parce que ces questions sont elles-mêmes fausses. Pour nous la question n’est pas, comment l’Etat doit traiter des demandeurs d’asile, des sans-papiers et des « criminels étrangers », mais plutôt: est-ce qu’on veut d’un monde qui enferme les humains entre des frontières, des lois et des murs de prisons? Est-ce qu’on veut d’un ordre social qui livre les hommes à une exploitation sans conditions, qui les enferme pendant des mois et les expulse de force parce qu’ils n’ont pas de papiers d’identité en règle? Est-ce qu’on veut d’une société qui contrôle, isole, exploite, aliène, humilie et finalement déshumanise?
Cernées par toute sorte de marchandises, de styles de vie et de nouvelles technologies, ces questions semblent noyées dans le vide spirituel du quotidien. Les contraintes sociales nous poussent à vivre pour le but, au lieu de vivre dans le moment, à bosser pour s’en tenir, à fonctionner, sans jamais s’arrêter… comme si tout était fait pour qu’on n’ose pas à poser la question des conditions de vie. La poser sérieusement. Car seule une rupture délibérée ou inattendue avec ce quotidien et ses contraintes nous permettrait de nous demander: pourquoi donc comme ça et pas autrement, complètement autrement? Et pourquoi ne pas faire de ce « complètement autre » le point de départ de nos désirs, au lieu de cette triste réalité?
Les questions des politiciens, les votations et les initiatives ne nous intéressent pas, tout simplement, parce qu’ils portent en eux-mêmes la reconnaissance de leur domination. Discuter sur la question, à partir de quelle moment les migrants doivent être expulsés, présuppose déjà en elle-même l’approbation des contrôles, des prisons et des expulsions. Nos questions partent d’un point complètement différent. D’un point de vue éthique. D’une sensibilité libertaire et anti-autoritaire. Personne ne doit être enfermé. Personne ne doit être dominé ou exploité. Tout le monde doit être libre d’autoorganiser leur vies. Pour cela, la fin de l’état est nécessaire. L’insurrection contre les autorités est une question de dignité.
C’est pour cela que nous nous reconnaissons dans les révoltes contre l’oppression, que ce soit dans les centres de rétention ou dans la rue. Quand on parle ici d’éthique, ça n’a rien à voir avec des moralisateurs ou des humanistes. Il s’agit de peser nos conditions de vie et nos rêves. Et, en considération de la réalité qui s’oppose à ces dernières comme un rempart, notre décision ne peut qu’être un déclaration de guerre.
Pour une vie sans papiers ni États! Déchainons la rage contre toute autorité!

des anarchistes

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La criminel c’est l’électeur

Le projet de renvoi des criminels étrangers, proposé par le parti xénophobe de l’UDC semble avoir été approuvé par les suisses. Une autre confirmation que surfer la vague populiste en temps de crise résulte toujours une stratégie gagnante dans la mascarade politicienne.
En tout cas, il s’agit d’une loi qui est déjà appliquée.
Impossible de vivre un monde sans frontières sans se débarrasser du système qui profite des migrants, qui crée famine et exploitation : le capitalisme. Et il est stérile aussi de se faire dicter les temps de nos réflexions et nos actions par les échéances électorales.

La solidarité est une pratique quotidienne!

Repost d’un bon texte de lereveil.ch

Il y a un consensus tacite entre toute la gauche, de la plus radicale à la plus conformiste, de certains anars de salon jusqu’à l’aile droite du PS, autour de la nécessité d’aller glisser un 2x non dans les urnes le 28 novembre. Le racisme est un sujet à polémique, à fort potentiel émotionnel, qui fait se mobiliser les foules et prend tout le monde aux tripes.

Dans ce climat fébrile, appeler à l’abstention peut paraître impopulaire. Combien nous reprocheront d’être d’irresponsables « complices de l’UDC » ?

Au fond, qu’est-ce qu’un tel vote va changer ? Les cantons n’opèrent-ils pas déjà des renvois, certains allant même au-delà des ambitions racistes de l’UDC (Bâle, Vaud) ? Plus de 90% des étrangers condamnés à une peine de prison font déjà l’objet d’expulsions*. Peut-être le climat de xénophobie qui plane au-dessus de la Suisse va-t-il se dissoudre ou s’intensifier en fonction d’un oui ou d’un non ? Peut-être sommes-nous simplement… naïfs ?

Le système participatif suisse produit l’illusion de pouvoir changer les choses par l’acte citoyen : référendums, initiatives, consultation populaire. Illusion, disions-nous. De manière générale, l’état a toujours le pouvoir de passer par des moyens détournés pour imposer les réformes qu’il désire si les résultats des votes ne lui conviennent pas. Des exemples, il y en a à la pelle. Quelle importance a un résultat de vote, sinon symbolique, sinon pour nous donner bonne conscience ? Nous ne déciderons jamais, sur le long terme.

On perd plus à se noyer dans la course et l’urgentisme imposé par les politiques, sans cesse à s’indigner après telle ou telle proposition de loi, qu’à déserter l’arène parlementaire et rassembler nos forces, réfléchir, agir au quotidien, selon nos nécessités. Pourquoi laisser le soin aux politiques et aux partis de nous dicter notre agenda de lutte ?

Arrêtons de courir, enlevons la merde de nos yeux et constatons : nous servons le système.

Nous participons à sa démocratie, nous légitimons un système que nous ne cessons de critiquer et de prétendre vouloir détruire. Nous appelons à la révolution, au refus du compromis, mais nous nous empressons, vrais petits moutons noirs ou blancs, d’aller bêler oui ou non aux réformes dès qu’un sujet nous émeut.

Plutôt que de chercher sans cesse à grossir le tout petit nombre des 35% de votants, à augmenter la participation au système et à la politique bourgeoise, laissons la démocratie crever, dénonçons son illégitimité, sortons des rangs, construisons ailleurs.

En votant, nous n’utilisons pas le système pour notre bien, c’est le système qui nous utilise pour son maintien. Il a besoin de nos votes, il a besoin de notre engouement pour les sujets politiques qu’il nous impose, il a besoin de notre motivation et de notre engagement, de la légitimité qu’on lui confère, de nos vociférations en faveur du oui ou du non. Un système politique que ses sujets délaissent est un système politique qui a déjà un pied dans la tombe.

Combattons le racisme, chaque jour, dans notre vie, autour de nous et non dans un dialogue de sourd avec l’état, en faisant du pied aux puissants. Combattons les partis xénophobes, les partis de droite, les partis de la gauche du compromis, les partis tout court. La lutte se perd dans le délire parlementaire. Refusons que le racisme soit prétexte à un compromis de classe, main dans la main avec la gauche caviar. Refusons d’être une énième fois les dindons de la farce du jeu politicard.

Les moutons votent. Pas seulement UDC.

Des autonomes & votants repentis

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Film : « Illègal »

On vous recommande…

http://www.youtube.com/watch?v=4jNTLeT4h0A

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Dossier « Aux frontières de l’Europe. Contrôles, Enfermements, expulsions »

Le rapport annuel de migreurop.org, 128 pages en Anglais à télécharger en cliquant —- ICI

Pour son deuxième rapport annuel sur les frontières de l’Europe, le réseau Migreurop a choisi de mettre l’accent sur trois moments forts du combat mené par les autorités contre les candidats à la migration : l’entrave à leurs déplacements, l’enfermement et l’expulsion.

S’appuyant sur des enquêtes de terrain originales, le rapport donne des exemples dramatiques des conséquences de cette guerre aux migrants, qui implique un recul généralisé du droit protégeant les libertés et l’intégrité des personnes.

Dénonçant le processus d’« externalisation » par l’Union européenne de sa politique migratoire, Migreurop montre comment les pays tiers sont contraints, par la menace d’une remise en cause les accords de coopération et d’aide au développement, non seulement de réadmettre chez eux les migrants chassés d’Europe mais aussi, sur leur territoire, de les empêcher d’entreprendre leur voyage vers ses portes.

De la région de Calais, en France, aux marches de la Turquie et à la mer Adriatique, des parages de Gibraltar au désert sahélo-saharien et aux nouveaux pays membres à l’est de l’Union européenne, une sous-traitance des contrôles migratoires s’effectue en chaîne, parfois très loin de l’Union mais aussi en son sein, tout particulièrement quand il s’agit de se renvoyer de pays à pays des demandeurs d’asile jugés indésirables. Toute une population d’exilés se trouve ainsi soumise, des deux côtés des frontières de l’Europe, soit à l’incarcération arbitraire, soit à l’errance et aux vexations permanentes d’un environnement hostile.

A l’heure où, pour la première fois depuis sa création, l’agence Frontex déploie ses équipes militarisées d’intervention rapide pour faire face à l’« afflux massif » de migrants à la frontière grecque comme s’il s’agissait d’ennemis dangereux, le rapport de Migreurop rappelle avec force que le droit, reconnu par les traités internationaux, à quitter tout pays et à demander protection ailleurs, est vidé de son sens si les candidats à l’émigration ou à l’asile sont assignés à résidence ou retenus en route.

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Manif sauvage contre toutes les prisons à Bruxelles

UPDATE (RETOUR SUR LA MANIF)


Reprendre la rue… sauvagement, joyeusement

Il y a une semaine encore, une 50-aine de personnes ont pris les rues d’Anderlecht et y ont foutu un beau bordel. Ce sont ces moments, brefs mais joyeux, où sont dépassés les sentiments d’impuissance face au déroulement de ce monde. Où l’initiative est de notre côté. Ce sont ces moments que nous pouvons multiplier, partout, avec tous les moyens que nous avons à notre disposition, la rage au coeur , et l’amour autour.

Une grande banderole annonce la bonne nouvelle : ‘FEU AUX PRISONS’, des fumigènes et des feux d’artifice s’allument, les tracts circulent de main en main, ça résonne autre chose : partir des révoltes dans les prisons pour les ramener ici, dans nos quartiers, où ça part en cacahouètes contre les flics, où la tension régnante prend le devant de la paix sociale qu’ils essaient de nous vendre. Ça laisse des traces sur le passage. Les vitres d’une voiture de Carlson Wagonlit sautent, cette foutue agence de voyage qui organise aussi des expulsions, ainsi que quelques fenêtres des bureaux de la SNCB, toujours là pour prêter main-forte aux fl ics et aux contrôleurs, pour arrêter ceux qui fuient la police, avec ou sans papiers. Les journaleux de la télévision nationale, les langues du pouvoir, accueillent un fumigène sous leur véhicule.

Beaucoup plus qu’un coup d’éclat qui disparaît aussitôt, ces moments font partie d’une tension sociale, qui, dans certains quartiers, se montre clairement à nous depuis quelque temps. Ces deux derniers mois, à deux reprises, des commissariats ont été pris d’assaut par de nombreuses personnes. Dans les Marolles début octobre, les vitrines partent en éclats, leurs voitures sont abîmées, et deux flics essuient des pierres. Au square Albert début novembre, des cocktails sont jetés aux flics, quelques voitures partent en flammes. Deux jours plus tard, les bâtiments de la Police Judiciaire Fédérale sont pris pour cible. Au cœur de leur quartier d’Europe de merde et de ses institutions. Vitres brisées, façade noire de suie, un engin incendiaire laisse ses traces.

Nous ne voulons pas ici faire l’éloge de la seule violence, elle n’est qu’un moyen parmi bien d’autres qui exprime que certains ne veulent plus subir les violences de l’État. Patrouilles de flics partout, arrestations, tabassages, centres fermés, expulsions, licenciements, prisons, flics de quartiers, autant de raisons pour se révolter.

Contre la domination, pour répondre à notre soif de liberté.

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Grosse journée de mobilisation pour les anarchistes belges ! Une belle réponse de la part des camaradesà l’interdiction et la violente répression de la grosse mobilisation du No-Border Camp en octobre.

Le récit de la manif (Indymedia Bxl) :

Vendredi 12 novembre vers 18h, bravant une pluie battante, une cinquantaine de personnes sont parties en manifestation sauvage contre le nouveau centre fermé à Steenokkerzeel et contre toutes les prisons. La manifestation a commencé au métro Clémenceau (Anderlecht). Les manifestants ont distribué des tracts, lancé des feux d’artifice et allumé des fumigènes en criant des slogans contre les centres fermés, contre l’Etat, en solidarité avec les révoltes dans les prisons etc., ce qui a été accueilli avec enthousiasme par beaucoup de passants et d’habitants du quartier. Des patrouilles de police qui cherchaient à approcher la manifestation ont été reçues, comme il se doit, avec des jets de peinture, de farine et de pierres. Les vitres d’un véhicule appartenant à la société Carlson Wagonlit (qui collabore aux expulsions) et quelques fenêtres du bâtiment de la SNCB (qui participe aux rafles de sans papiers) ont été cassées. Un fumigène a été jeté sous un véhicule de la télévision nationale qui passait là par hasard. La manifestation est alors passée par la Gare du Midi pour entrer dans Saint-Gilles. A ce moment, de plus en plus de patrouilles de police cherchaient à encercler les manifestants. Des grillages et des barrières des chantiers ramassés sur le chemin ont été mis en travers de la rue pour les ralentir. Une fois dans Saint-Gilles, les manifestants se sont dispersés. La police n’a pu arrêter personne.

Le premier tract distribué pendant le cortège : « Contre les centres fermés et toutes les prisons »

Contre toutes les prisonsParce que la prison n’est qu’une prolongation extrême de cette société qui fondamentalement ne nous laisse pas choisir où nous sommes et où nous allons, ce que nous faisons ou pas. Parce que la prison et la loi n’ont rien à voir avec une notion de justice, mais n’existent que pour maintenir un certain système et pour jeter aux oubliettes les indésirables. Parce qu’une société qui a besoin d’enfermer des gens, de les torturer physiquement et mentalement et de les détruire, nous ferions mieux de l’attaquer au plus vite si nous voulons un jour pouvoir goûter à ce que pourrait être la liberté.

Pour un monde sans Etat Parce que peu importe l’Etat, il sera toujours l’un des obstacles sur le chemin de ceux qui veulent vivre libres. Parce que l’Etat nous réduira toujours à des numéros et nous étouffera en tant qu’individus. Parce que dans cette société il y a des personnes qui, à l’image de l’Etat, exercent du pouvoir sur d’autres. Devenir patron, jouer au maton, contrôler ton partenaire, dénoncer tes voisins. Toutes des attitudes qui renforcent l’Etat et les fondements de l’autorité en soi.

Pour un monde sans frontières Parce que les frontières existent pour protéger la ‘prospérité’. Une prospérité qui demande tout de nous et qui en échange nous donne une existence miteuse. Une prospérité qui rend riches quelques personnes et en exploite énormément d’autres. Parce que les frontières que le racisme, le nationalisme, le sexisme et la religion érigent, nous jettent les uns contre les autres et nous fait oublier ceux et ce qui vraiment nous pourrit la vie, nous contrôle et nous oppresse.

Parce que nous avons un désir sans borne pour un monde construit sur la solidarité et la liberté individuelle.

Pour un monde sans Etat et sans frontières

Et encore un autre texte distribué par les manifestants : « De la simplicité des choses »

Pour une fois nous allons essayer de parler un langage simple. Parce que les raisons pour lesquelles nous sommes en colère et voulons changer ce monde dans sa totalité et le plus vite possible, sont simples. Parce que, au fond, les désirs et les idées que nous avons sont simples.

Nous sommes tous différents, nous avons un passé différent, des histoires différentes. Nous travaillons, ou pas. Nous joignons, tout juste, les deux bouts à la fin du mois, ou pas. Nous sommes déjà passés par la taule, ou pas. Pourtant, il y a comme un fil rouge traversant nos vies qui lie la plupart d’entre nous. Nous essayons de survivre à une réalité que nous n’avons jamais choisie et qui, soyons honnêtes, au bout du compte, a vraiment peu à nous offrir. Chaque jour il nous faut, à nouveau, courir pour ne pas être piétinés. Au travail, à l’école, à actiris ou à l’onem. Partout on attend de nous que l’on approuve, que l’on acquièse, ou mieux encore, que l’on prenne l’initiative et joue le jeu avec acharnement pour qu’un jour, peut-être, on peut prendre la place du patron. Ils attendent toujours de nous de l’obéissance, parce que ce sont eux qui peuvent t’enfoncer la tête sous l’eau. Cette situation qui est devenue une réalité, signifie un attentat direct contre notre temps, notre énergie, notre santé et nos relations sociales. On nous offre une vie à l’ombre des bureaux et des usines. Et encore, cela ne nous offre aucune sécurité. Sur les derniers vingt ans il n’y a jamais eu, ici, autant de pauvres que maintenant. De plus en plus de personne ne parviennent pas à suivre le rythme et sont étranglés par la pauvreté. Il n’ y a évidemment pas que la pauvreté qui nous menace quand nous ne voulons plus suivre le cours normal des choses. Nous connaissons tous la menace de la prison. A ceux qui décident de tracer un chemin qui n’est pas proposé au menu, l’Etat répond par l’isolement et l’enfermement. Et l’Etat travaille dur à leur développement. A Steenokkerzeel, les dernières briques d’une nouvelle prison pour sans-papiers sont sur le point d’être posées. Une prison avec cellules individuelles, spécialement conçue pour les prisonniers révoltés qui n’abdiquent pas face à leur enfermement. Entre-temps neuf nouvelles prisons sont en cours d’élaboration, parmi lesquelles une prison pour mille personnes à Haren, dans la périphérie de Bruxelles. Une société construite sur la contrainte et le contrôle doit aussi construire des prisons pour maintenir les choses telles qu’elles sont. Nous n’acceptons ni cette société ni l’existence de ses prisons.

Heureusement il existe aussi d’autres personnes en colères, des personnes furieuses même. En France, ces deux derniers mois, l’atmosphère de la vie quotidienne a changé de ton. Une protestation de syndicats contre l’allongement de l’âge de la retraite fut pris par de nombreuses personnes comme un moment de lutte contre l’Etat, le capitalisme et plus encore. Plus près de nous, les derniers mois n’ont pas non plus manqué d’esprit d’entreprise. Dans plusieurs prisons, les détenus se sont révoltés et ont attaqués les infrastructures. Hors des murs, aussi, des personnes se sont confrontées à ce qui leur pourrit la vie. Il y a deux semaines, à Anderlecht, les flics se sont fait attaquer à coup de cocktail molotovs et de pierres, et à peine quelques jours plus tard des bureaux de la police fédérale ont subi une attaque incendiaire. Ces événements ne sortent pas de nulle part. Ces dernières années, ce genre d’actes se sont souvent produits. Il y a eu énormément de moments où l’Etat a été attaqué, les prisons et ceux qui les construisent se sont retrouvés avec des bâtons dans leurs roues, l’autorité sous toutes ses formes et couleurs harcelée.

Ce dont nous ne voulons plus a un visage contre lequel il semble possible de s’opposer. Maintenant reste la question de savoir si cette envie de se confronter n’est qu’un coup dans l’eau ou s’il peut vraiment changer le cours du fleuve. Nous voulons lutter contre ce qui nous étouffe. Pas seulement parce que nous trouvons ces choses dégueulasses, mais parce que, finalement, nous voulons aller vers quelque chose de complètement différent. Une manière autre de vivre ensemble où nous pourrions chercher sans entrave la plus grande liberté possible pour chacun. Un monde qui ne serait plus basé sur le travail, l’argent et la recherche d’argent, sur le pouvoir et la contrainte, mais sur la solidarité et les désirs partagés qui rompt avec la médiocrité quotidienne et fait de la vie une aventure. Des rêves qui deviennent réalité, repoussant chaque compromis qui voudrait nous convaincre de les amoindrir .Plus de patrons ni de travailleurs, donc, plus de détenus ni de matons, plus de chefs ni de suiveurs. Seulement nous-même et ce que nous voulons en faire.

Pour une lutte sans borne pour la liberté
Contre toute autorité, pour la révolution sociale

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Renvoi des criminels étrangers? Une loi déjà appliquée.

Le 28 Novembre, sur proposition de l’UDC (Union Démocratique du Centre) la Suisse se prononcera sur le renvoi des criminels d’origine étrangère

On pourrait longuement s’attarder à commenter une « politique » basée sur le populisme et sur la peur. On pourrait aussi commenter l’ignoble (mais pas du tout surprenante) position de la gauche institutionnelle, qui soutien un « pragmatique » contre-projet, aussi xénophobe que la loi de l’extrême droite. Mais il y a quelque chose de fondamental qui échappe au débat public : la loi est déjà en vigueur.

En effet des deux dernières années ont vu exploser le nombre de renvoi, augmentés de 52% entre 2007 et 2009. La légalité de ces expulsions a été confirmée le 16 Septembre dernier, par le Tribunal Fédéral qui a conclu que ces pratiques ne violent pas la Convention européenne des droits de l’homme.

– Mais pas d’inquiétude, c’est une mesure extrême! Elle ne concerne que des rares cas de violeurs assassins!

– Violeur assassin t’as dit?

– Mmmmh pour être sincère il faut juste avoir fait deux ans de prison.

– Quoi? Deux ans? C’est pas énorme, ça!

– Bon pour tout dire l’expulsion peut aussi être ordonnée lorsque quelqu’un représente «une menace contre la sécurité et l’ordre public», même s’il a écopé d’une peine de moins d’un an

– Ah! Rien d’autre?

– Non, non!

– Pourquoi tu rigoles?

– Non, mec, je devrais pas te dire ça mais c’est trop marrant. Tu savais que si ta famille a une dépendance  «durable et significative» de l’aide sociale tu peux être expulsé? Tu savais ça?

– Durable et significative? Tu dis quoi là?

– Bon des chiffres que je comprends pas trop, mais si une famille de 5 personnes a reçu plus de 18200 CHF par an pendant 11 ans…. ciao, ciao!

– …

P.S
Les chiffres sont malheureusement tous vrais et ont été publiées par l’Hebdo :

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Festival Migrantscene : pour inventer un nouveau regard sur les migrations

Du 12 au 28 Novembre : spectacles, musique, projections et rencontres présentés par La cimade

http://www.migrantscene.org/

Et si…

Et si… et si l’on prenait le temps de changer de regards sur les migrations ? Et si l’on essayait de bouleverser nos imaginaires, d’entendre d’autres voix ? Si par exemple, on passait la frontière de la forteresse Europe pour comprendre la migration depuis le point de vue africain ? Pour cette cinquième édition du festival migrant’scène, nous vous proposons d’écouter d’autres histoires de migrations, les voix venues de six pays du continent Africain, du Sénégal, du Niger, de la Mauritanie, du Maroc,  du Mali et de l’Algérie.

Dans notre imaginaire collectif, la majorité des migrants partent de pays dits pauvres pour des pays dits riches. Pourtant, ces voix africaines nous chuchotent que pratiquement 90% des migrations, en Afrique de l’ouest, sont internes au continent. Elles nous clament aussi leur incompréhension face au durcissement des politiques européennes en matière de migrations, qui finissent par ressembler à une guerre aux migrants. Il s’agissait d’abord d’empêcher les migrants d’entrer sur le territoire européen. Mais, aujourd’hui, c’est avec les gouvernements africains que l’Europe négocie, pour empêcher les migrants de quitter leur propre pays, grâce à un arsenal de politiques répressives où l’aide au développement devient une monnaie d’échange…

« Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien ». L’article 13 de la déclaration universelle des droits de l’homme, dans les terres sahéliennes, où l’on arrête, emprisonne ou expulse des hommes qui ont juste décidé de partir de leur pays, résonne comme un adage ancien, qui aurait perdu son sens….

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« Renvoi Dublin », encore un brique ajoutée au mur de la Forteresse Europe

Le soit disant « renvoi Dublin » est un accord Européen visant à régler les flux migratoires de l’Union en empêchant aux réfugiés de déposer leurs demandes d’asile dans plusieurs pays différents en même temps. La Suisse en fait partie depuis le 12 décembre 2008. Concrètement, il s’agit d’avoir un prétexte pour refuser systématiquement  le statut de réfugié et de renvoyer les migrants là où ils ont déposé leur première demande.

Souvent, le premier pays auquel on a demandé asile a déjà refusé l’octroi d’un permis au moment de l’application du « renvoi Dublin » et il est prêt à expulser le requérant. Un autre cas typique, est celui où l’état où la première demande a été déposée n’octroie pratiquement pas de permis humanitaires.

C’est le cas notamment de la Grèce qui a un pourcentage de rejet de 99,1% (source: bureau grec du Haut-Comissariat pour les réfugies). Or, ce pays est le plus grand port d’entrée en Europe. Il se trouve donc qu’ un grand nombre de migrants, ignorant les machinations des bureaucrates européens, font leur première demande là-bas. De plus, les accords bilatéraux entre la Grèce et la Turquie ont rendu très facile le transfert des réfugiés de l’Europe vers l’Asie.

Encore un outil pour les politiciens européens, permettant de se déresponsabiliser des traitements que les migrants subiront dans leur pays d’origine.

foto de Giorgos Moutafis

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Compte rendu des actions contre la venue de Barroso à Genève (CH)

ACTION BANDEROLE ET TRACTAGE ARTISTIQUE

Demain (14.10.2010, ndr), le Président de la Commission Européenne José Manuel Barroso se verra remettre le titre de docteur honoris causa lors du Dies Academicus 2010. Pour l’occasion ce gros porc parlera des « Droits Humains ». Parmi  les étudiants anesthésiés, quelques faceless choisissent de passer à l’action.
Aujourd’hui, vers midi, on a pu admirer dans le hall de l’usine à diplôme (Unimail) une banderole « BARROSO? DR EN GENOCIDE. Solidarité avec les migrants » et un mannequin symboliquement pendu, assassiné par la politique migratoire de la Fortresse Europe.
A remarquer la rapidité des sécus qui déchirent la banderole après à peine une demi-heure et s’acharnent, très amusés, à donner des coups des pieds au mannequin-migrant. Ils arrivent même à ramasser un par un tous les tractes lancés par les anonymes, histoire d’éviter qu’une quelconque conscience sociale se réveille parmi les étudiants-zombies qui se baladent dans les couloirs de l’UNIGE.
Que l’Université n’était pas un lieu d’expression on le savait bien, mais penser que l’on nous arrêtera de cette manière c’est au moins très naïf…
A suivre le tracte distribué par via aérienne

Hideux dans son apothéose, le rectorat de l’Université de Genève poursuit sa nouvelle ligne politique d’une université «autonome» soumise aux puissant-e-s et exploiteur-se-s en tout genre. Pouvait-on faire mieux que Pascal Lamy, directeur de l’OMC ?

Eh bien oui.

Nous avons le plaisir d’annoncer que le président de la Commission européenne José Manuel Barroso se verra remettre le titre de docteur honoris causa lors du Dies academicus 2010.

On pourrait s’attarder longtemps à commenter cette génuflexion permanente de l’université envers la caste politique, mais il nous intéresse plus de commenter le contexte de cette remise. Ce prix parait en effet révélateur de la sympathie de la « communauté universitaire » pour les politiques de gestion des flux migratoires qui enferment et assassinent chaque jour des centaines de migrant-e-s.

Barroso incarne mieux que quiconque l’idée d’ «Europe forteresse», un projet de société néocoloniale défendu sous les sacres signes du néolibéralisme et des politiques sécuritaires.

Durant sa présidence on a définitivement imposé l’idée d’une Europe close, dominés par les intérêts des lobbies, voyant dans les migrant-e-s une main d’oeuvre à prix imbattable, prête à être exploitée ou renvoyée «chez elle» selon les nécessités du «marché unique européen». «L’immigration est une ressource essentielle pour la société européenne», donc une ressource au même niveau que les autres facteur du processus marchand. On dénie le statut d’être humain aux migrant-e-s: enfermé-e-s dans des centre des rétention dans des conditions monstrueuses, abattu-e-s à bout portant par la police des frontières et obligé-e-s de se soumettre à l’humiliante attente d’un bout de papier qui leur donne le droit d’exister.

C’est notamment dans « l’ère Barroso» qui a été crée Frontex, la redoutable police européenne chargée de défendre, à tout prix, l’étanchéité des frontières de l’espace Schengen. Depuis 2005, Frontex a connu une augmentation vertigineuse de son budget qui est passé de 6 à 88 millions d’euros ; ce qui lui a permis d’être à la pointe des technologies militaires modernes.

Chaque heure, chaque jour, chaque nuit une Guerre se déroule sous nos fenêtres loin des cameras des mass medias: d’un côté les réfugié-e-s qui fuissent la guerre et la faim, de l’autre les intérêts de la caste politique et économique de l’Union.

Le sinistre Barroso viendra parader aujourd’hui à l’UNIGE, un doctorat tout frais sous le bras. Pour compléter cette mascarade, il se déplace pour nous donner des leçons en matière de «droits humains» alors que ses mains sont encore pleines du sang des migrant-e-s tué-e-s aux frontières.

Quand l’injustice se fait droit, la résistance est un devoir. José Manuel, on t’emmerde!

CONTESTATION DU DISCOURS

Alors qu’il devait prononcer un discours lors de l’obtention de son titre de docteur honoris causa, dans le cadre du très bourgeois Dies Academicus, à l’université de genève, Jose Manuel Barroso a été hué et des slogans tels que « Solidaité avec les sans-papiers » et « No border, no nation, stop deportation » ont été lancés.

Une fausse charte éthique a été distribuée à l’entrée de l’auditoire en guise de tract et est disponible ici:

http://www.unige-info.ch/IMG/pdf/charte_special_dies_2010.pdf

Portrait de l’intéressé:

Jose Manuel Barroso est le premier lauréat de la volée 2010 de doctorats honoris causa de l’Université de Genève. Diplômé de l’IEUG, ancien premier ministre portugais, président de la Commission européenne depuis 2004, José- Manuel Barroso s’est honoré par le zêle qu’il a mis, en 2002, à soutenir l’intervention armée des forces américaines et anglaise en Irak.
Lors de son règne interminable à la tête de la Commission européenne, il a soutenu la directive Bolkenstein de libérali- sation de services publics et ignoré les “non” néerlandais et français au Traité constitutionnel européen, démontrant ainsi son amour de la justice sociale et de la démocratie.
Ses dernières années, il a participé à l’instauration de Frontex, la police des frontières européennes. Ce nouvel instrument de l’appareil répressif européen est aux premières lignes de l’Europe forteresse, ce marché unique dont l’immigration choisie est une des ressources essentielles.

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