Brescia : barricades et violence policière durant la manif antifa en solidarité aux migrants sur la grue

Encore des infos sur la lutte des migrants à Brescia en Italie

Le cortège
Depuis des mois, le Réseau Antifasciste de Brescia (Fuochi di resistenza) appelait à un cortège antifasciste contre une mobilisation de Forza Nuova, le parti nazi italien. A la dernière minute les nazillons ont eu peur de l’énorme mobilisation antiraciste qui s’est créée autour des migrants sur la grue et ils ont annulé leur rassemblement. Le contre-cortège a quand même eu lieu, en solidarité avec les gens en haut de la grue. Plus de 2000 personnes de toute la région ont traversé la Ville.

Emeute et charges
Sous la pression des manifestants, à l’arrivée, une délégation est autorisé à arriver aux pieds de la grue pour communiquer avec les quatre migrants. Ils sont désormais isolés depuis une semaine et ils disent avoir besoin de couvertures et de bouffe. Les flics empêchent les solidaires de monter avec ce que les migrants avaient demandés.
Les manifestants commencent alors à forcer les barrières qui les séparent de la grue. La police réagit avec une violente charge, suivi d’une riposte de bouteilles, fumigènes et d’une « bomba carta ». Les affrontements durent environ une heure pendant laquelle les solidaires érigent des barricades pour se protéger.

Le bilan
Le bilan est assez grave, trois camarades sont actuellement en taule. Trois policiers ont été blessés. Les journaux parlent des événements avec la vide rhétorique des « manifestants méchants contre les gentils pacifistes », mais en haut et en bas de la grue tout le monde le sait : la solidarité est un bloc qui ne se brise pas.

Turin
De qu’ils ont su des charges à Brescia, un groupe d’antiracistes a essayé d’exprimer sa propre solidarité à travers un cortège communicatif dans le quartier multi-etnhique de Turin. Encore une fois il y a une violente réaction de la police italienne qui tabasse au milieu de la rue les manifestants. Les riverains protestent de leurs fenêtres mais les flics arrivent à prendre 5 camarades pour les arrêter. Ils sont tous detenus à la prison de Turin avec l’accusation de  » résistance et violence sur public officier  »

Voici quelques video de la repression de hier à Brescia

http://www.youtube.com/watch?v=nv7PhAKbVL0&feature=player_embedded

http://ctvmail.org/tubo/video/XMGA3AXG1BRS/CARICHE-E-BOTTIGLIE


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Agression fasciste à Calais : le procès

Le 23 Septembre un groupe de racistes agressait à Calais un immigré sans-abri. Calais, en tant que ville de connexion entre la France et l’Angleterre, est au centre des flux migratoires et des luttes pour la liberté de circulation. Hier s’est conclu le procès contre ces quatre héros, qui ont été condamnés à des peines oscillant entre un et deux ans de prison.

le récit du procès de Indymedia Lille

Les faits reprochés

Violences en bande, à caractère racial avec des barres de fer, du gaz et des pierres, à l’occasion de deux agressions (répertoriées) + injures racistes.

Déroulement du procès

La juge a rappelé les évènements, ajoutant à la liste d’autres témoignages de réfugiés s’étant plaints d’agression. Celle du 23 septembre avait réuni une quinzaine de ces abrutis. Des majeurs et des mineurs : un meneur (qualifié comme tel par les jeunots) et des suiveurs, armés.. La juge a réfuté les justifications poussives de deux des prévenus. ( L’un a déclaré à la barre : ma soeur de 30 ans a fait un mariage forcé et s’est converti à l’Islam. L’autre : des migrants ont volé mon vélo.) Les deux autres se sont repentis et auraient compris.

La victime absente

Son avocate le représentait en tant que partie civile. Elle a lu le texte de son client. « C’est de la lâcheté de leur part […] Si c’est ça l’image de la France ! […] En quoi, vous, Jason, vous défendez l’image de la France. Qui vous permet de dire qui a le droit ou pas de rester en France. […] »

Le procureur en personne a donné aussitôt le ton :

« Il ne faut pas minimiser les faits, ce ne sont pas de simples abrutis ! »

« Ce n’est pas faire preuve de beaucoup de courage en commettant des violences en groupe, contre des personnes qui vivent dans la rue avec les conditions qui leur sont faites. Ils ont quitté leur pays pour avoir une vie meilleure en Angleterre, parce qu’ils proviennent de pays aux régimes difficiles ou pour leur sécurité.

Ils veulent aller en Angleterre pour trouver du travail. Ici, vous, vous êtes des oisifs qui font de la chasse aux migrants. Ils font l’apologie d’Hitler, des croix gammées et des violences.

Ils ne vivent que pour ça, ils ne pensent qu’à ça, chasser du réfugié ! »

Réquisitions suivies par le juge :

H. : 12 mois dont 6 avec sursis simple. Aménagement de la peine.

J. R : 20 mois de prison dont 12 mois de sursis mise à l’épreuve. En détention.

M. : 2 ans dont 12 mois avec sursis simple. En détention.

Ch. : 2 ans, dont 12 mois avec sursis.+ 3 mois de sursis révoqués. En détention.

Niveau politique de la mouvance : zéro

Nous sommes loin d’une organisation politique mais proche d’une organisation d’abrutis racistes qui se boient des bières pour faire croire qu’ils sont des hommes.

Trois personnages qui ont pris leur temps avant de quitter le perron du tribunal alors que tout le monde était parti, ne semblait avoir aucun lien avec les accusés.

Sans doute, les envoyés de groupes plus politiquement construits autour de la haine, ceux qui lancent des manifestations contre les salariés.

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UPDATE : migrants sur la grue à Brescia et manifs de soutien

13ème jour de lutte pour les migrants qui protestent à 30 mètres de hauteur, à Brescia (plus d’info en cliquant sur la tag Brescia dans le nuage des mots clé).

Arrestations

Suite à la violente répression du sit-in solidaire au pied de la grue, les arrestations administratives ont toutes  été confirmées. Les 12 sans-papiers ont été dispatchés dans différents centres fermés au nord de l’Italie ou ont déjà été expulsés. Pour ce qui concerne les autres arrêtés,  ils ont tous l’obligation de se présenter au commissariat dans l’attente de leurs procès, sauf Fabio pour qui le juge a ordonné l’assignation à résidence. Apparemment, au moins deux migrants ont subi des violences de la part des flics pendant leur garde à vue .

Mobilisations

Un des six migrants résistant en haut de la grue a dû descendre à cause de sa condition physique. Pour les autres, le combat continue bel et bien.
Petit compte-rendu de la vague de mobilisations solidaires qui ont traversé l’Italie au cri de « Nous sommes tous sur la grue! » :

Livorno, 8 novembre. Dans l’après-midi un groupe d’antiracistes s’est donné rendez-vous sur la Piazza Grande pour un sit-in informatif.

Bologna, 8 novembre. Plus de trois cents personnes se sont retrouvées à la Piazza Nettuno pour un sit-in convoqué  par SMS et e-mail. Beaucoup d’immigrés étaient présents. Prochain rendez-vous Samedi 13.

Reggio Emilia, 8 novembre. Plus de 200 migrants et antiracistes se sont réunis sur la Piazza Prampolini. Ils ont ensuite interrompu la réunion du conseil communal pour lire un texte de solidarité avec la protestation à Brescia.

Torino, 9 novembre. Plus de 200 personnes ont suivi l’appel du réseau « “10luglioantirazzista” pour un sit-in solidaire avec les migrants et les antiracistes de Brescia. Après une heure d’interventions et de tractage, une manif  sauvage a fait le tour du centre-ville. Prochain rendez-vous Samedi 27 Novembre.

Parma. Des tags demandant la libération des arrêtés de Brescia sont apparus dans la nuit. Prochain rendez-vous le 12 Novembre devant la préfecture.

Milano, 10 novembre. Un groupe de migrants résiste depuis cinq jours sur la tour de via Imbonati. Bien que la zone soit fortement militarisée, le sit-in de soutien en bas de la tour continue jour et nuit.

Voici aussi deux vidéos des charges. Au centre de la scène l’infâme crapule Emanuele Ricifari, le Préfet.

http://www.youtube.com/watch?v=Kge1AqrSbek

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Accord sur les expulsions entre la Suisse et le Nigeria

A Zurich (CH), le 17 mars dernier un requerant d’asile nigérian mourrait lors un renvoi forcé de niveau 4. Il s’agit de la troisième mort en Suisse lors d’un expulsion depuis 1999.

Depuis, les rapports entre les deux pasys s’étaient interrompus , comme d’ailleurs les renvois. La semaine passée, la Nigeria a conclu un accord avec la Suisse lors de la visite au pays helvétique du secrétaire d’Etat nigérian aux affaires étrangères Martin Uhomoibhi.

L’accord prévoit une majeure collaboration entre les deux pays. Le but officiel du traité, selon les communiqués de presse de l’Office federale des migration, est « d’améliorer le processus de rapatriement et d’éviter qu’un tel événement ne se reproduise ». En échange de quelques miettes, notamment un stage d’un mois à Genève et à Berne pour des jeunes diplomates, les élites nigériennes ont accepté de bon degré de faire reprendre les déportations vers leur pays depuis le 1er Janvier 2011.

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Violence policière contre les solidaires à Brescia : 18 arrestations

Violence policière contre la lutte du mouvement des migrants en Italie. Hier à l’aube, des dizaines de flics ont évacué le sit-in permanent de solidarité au pied de la grue où  étaient montés six migrants en signe de protestation contre leur condition de vie. (on en avait déjà parlé (1) (2) (3))

Une journée de répression inouïe dont le principal responsable est le Préfet de la ville Emanuele Ricifari qui était à la tête des opérations. A l’arrivée des forces de l’ordre les migrants et les solidaires du sit-in ont essayé de résister. Ceux qui étaient sur la grue, en menacent de se jeter dans le vide, ont commencé à balancer tout ce qu’ils avaient sous la main.

Les policiers ont déclenché une furieuse chasse à l’homme dans tout le quartier. Ils ont essayé d’éloigner journalistes et photographes. D’ailleurs une camarade de Radio Onda d’Urto a été blessée puis arrêtée avec deux autres personnes.

Le bilan est très grave, 18 arrestations : 12 migrants envoyés aux centres fermés. Deux Égyptiens, un Pakistanais et un Indien, représentant respectifs de leurs communautés, sont quand à eux en cellule avec deux camarades italiens. Les gens sur la grue sont encore en résistance. Ils ont commencé une grève de la faim, hier à 18:30.

Les photos viennent de : Repubblica.it et Ilgiornale.it

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Migrants sur une tour à Milan

Cinq migrants occupent, depuis vendredi, une tour au centre de Milan. Ils veulent que leur situation soit régularisée. Solidaires avec les frères en lutte à Brescia, ils sont détermines à ne pas descendre avant d’avoir obtenu une réponse positive de la part des autorités. Dans les deux cas (de Brescia à Milan), les migrants protestent contre ce qui appellent la « régularisation piège de 2009 » .

L’objectif de leur lutte est de dénoncer la situation paradoxale dans la quelle se trouvent les sans-papiers. En Italie, depuis quelques mois la clandestinité est devenue un délit mais en 2009 (avant cette nouvelle loi) beaucoup de gens avaient déjà déposé une demande de régularisation qui était censée leur donner automatiquement un statut légal dans le pays. Incroyablement, ceux qui avaient reçu un ordre d’expulsion se sont vus refuser la régularisation, contre toute logique du droit italien qui prévoit la rétroactivité des nouvelles loi seulement en cas favorable à l’accusé. Bien que la clandestinité n’eusse pas été punissable à l’époque, c’est maintenant une raison prétexte pour leur refuser le bout de papier qui légitimerait leur existence aux yeux de l’État.

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Plus de gardiens à Frambois ?

Loly Bolay, présidente Suisse de la Commission des visiteurs de prison, se plaignait hier du manque de personnel au centre fermé de Frambois. En bref, elle affirme que les effectifs devraient être augmentés, dans le but de sauver les apparences et d’arriver à convaincre les détenus de rentrer chez eux « de manière volontaire ».  Comme expliqué hier à la Tribune de Genève par Jean-Michel Claude (Directeur de Frambois), pour les convaincre on entend menacer les migrants, « qu’ils ont intérêt à arriver en hommes libres dans leur pays » dans le cas contraire, les autorités suisses les remettront  à la police locale lors de leur arrivée dans leurs pays d’origine.

Non seulement ces personnes sont enfermées plusieurs mois sans qu’elles n’aient commis aucun délit mais en plus, lorsque elles refusent de baisser la tête devant la machine à expulsions, elles sont transférées aux autorités de leur pays en tant que dangereux criminels, encadrés par 2 ou 3 flics helvétiques, attachées à  leur siège, la tête enfermée dans un casque . « Soit ça, soit tu déclares vouloir partir de ton plein gré », voici toute la liberté qu’ont les demandeurs d’asile en Suisse.

L’état se rend responsable d’un double abus envers ces gens qui ont fui une misère, souvent provoquée par les intérêts de l’Occident. On les prive de la liberté et on compromet leur situation après l’expulsion.

Il n’y a pas besoin de plus de flics à Frambois, juste la nécessité morale de fermer ce « lagger » ethnique. Et tout de suite!

Photo de interet-general.info

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Frontex arrête 150 migrants à la frontière grecque

A quelques heures de leur entrée en fonction les RABIT (Rapid Intervention Border Team) récemment déployés par FRONTEX à la frontière entre Turquie et Grèce ont déjà arrêtés 115 « immigrés clandestins ». Chaque jour entre 300 et 400 réfugiés essayent d’entrer en Europe par la Grèce. Le ministre pour la protection des citoyens (SIC!) s’est rendu personnellement à donner le bienvenu aux flics de Frontex.

En outre, avant hier les autorités Turque avaient intercepté un navire avec 142 migrants provenants d’Afghanistan, Birmanie et Palestine. Ils ont été concentré à Tekirdag (en Thrace) d’où ils seront tous déportés

Sources : ekathimeriniMonsters and Critisc et winnipegfreepress

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Tensions au centre fermé de Gradisca (IT) et camarades acquittés

Hier les prisonniers du CIE (Centre d’Identification et Expulsion) de Gradisca (IT) ont tenté une évasion massive. Pendant la journé la tension avait déjà monté quand deux détenus avaient tabassé un gardien du centre. A 18:00 une quarantaine de détenus a essayer de s’enfuir, l’intervention rapide des forces de l’ordre à rétabli la calme. Malheureusement il parait que aucun des « hôtes » de la structure est arriver à s’évader.

En revanche une bonne nouvelle sur le front de la répression des luttes à l’extérieur des centres fermés. Aujourd’hui les 24 camarades qui avaient été identifiés, suite à une à une manifestation non-autorisée au centre fermé le 29 Septembre 2007, ont été acquittés de toute charge!

(source: Messaggero Veneto )

Les détenus de Gradisca d’était déjà fait remarquer pour la détermination des leurs luttes et les nombreuses évasions réussites pendant cette été. Notamment en Septembre ils avaient entamé une grève de la faim pour protester conte les conditions de leur rétention. A l’occasion ils avaient écrit une lettre pour expliquer au monde ce qui se passe dans les prisons ethniques  du XXI siècle  (traduit de l’italien par  non-fides.fr )

Nous sommes en train de faire la grève de la faim car nos conditions de rétention sont carcérales, nous avons accès à l’air libre seulement 2 heures par jour, une le matin et une le soir, nous sommes tous enfermés là-dedans, nous ne pouvons pas sortir. Il y a 3 mineurs ici, ils sont tunisiens et ont 16 ans, nous nous demandons pourquoi ils les ont mis là alors qu’ils sont mineurs. La nourriture est dégueulasse, on ne peut pas manger, il y a des morceaux d’ongles, des cheveux, des insectes…

Nous sommes abandonnés, personne ne s’intéresse à nous, nous sommes dans des conditions inhumaines. Souvent, la police entre et tape. Il y a environ trois mois, ils ont fait sauter un œil à un jeune d’un coup de matraque, puis ils l’ont libéré parce qu’il était mal et qu’ils ne voulaient pas que ça fasse du bordel. Sans papiers, il ne pouvait rien faire contre ceux qui lui avaient fait perdre un œil.

Ils nous traitent comme des bêtes. Certains employés de « Connecting People » [l’organisation caritative qui gère le centre, NdT] nous méprisent ouvertement, ils nous traitent mal, nous provoquent, nous insultent pour attendre notre réaction et ils espèrent nous faire ainsi envoyer en prison puisqu’on leur donne toujours raison.

Il y a en isolement un jeune qui a mangé ses excréments. Ils l’ont transporté à l’hôpital et amené ici. Et depuis ce matin que nous l’entendons hurler, personne n’est allé le voir, sauf un employé qui l’a mal traité.

Le directeur fait des promesses quand il y a des révoltes, puis les semaines passent et rien ne change. Nous sommes en grève de la faim depuis deux jours et le médecin n’est jamais entré pour nous peser ou pour faire les contrôles, il entre seulement le matin pour donner les traitements.

Nous continuerons la grève jusqu’à ce que les choses changent, parce que 6 mois, c’est trop et les conditions sont trop inhumaines. Ici, ce n’est pas un lieu, mais un cauchemar, parce que nous sommes dans la merde, il est absurde qu’on reste dans ces cages. Nous savons que beaucoup de gens connaissent l’existence de ces lieux et comment nous y vivons. Et on se demande : mais est-il possible que des personnes doivent rester enfermées pendant 6 mois de leur vie seulement parce qu’elles n’ont pas un morceau de papier ?

Des retenus du CIE de Gradisca.

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Evacuation du bâtiment squatté pour les 3 jours d’initiative contre les Centre Fermés à Turin

Ici l’appel en français (en bas de la page) pour les trois jours d’initiatives http://next2010.noblogs.org/appello/

UPDATE

Tous les camarades arrêtés ont été libérés, un parmi eux doit se rendre au commissariat à signer trois fois par semaine. Affaire à suivre!

Turin. Récit de l’expulsion du Palazzo Occupato.

La veille de la rencontre internationale contre les CIE et les expulsions (Centro de Identificazione e de espulsione, les centres de rétention administrative à l’italienne) qui avait lieu les 21, 22, 23 octobre 2010, le Palazzo occupato s’ouvrait dans le quartier de Porta Palazzo, accueillant les discussions et actions durant 3 jours. Après une semaine d’occupation et d’initiatives qui ont donné vie au Palazzo Occupato, partagées par des camarades de toute l’Italie et de l’Europe, les autorités ont activé la machine répressive : keufs, carabinieri (un genre de gardes mobiles), et pompiers qui collaborent.

Le jeudi 28 octobre 2010, à 9 heures du matin, ils ont commencé à encercler et envahir l’immeuble. Immédiatement, 8 copains sont montés sur le toit. En bas, un rassemblement a pris forme et durera toute la journée : des copains, des gens solidaires du quartier et du marché, qui ont amené à boire et à manger. Pendant l’après midi, quelques groupes ont tenté de perturber le cours normal de la répression, quelques poubelles enflammées aux alentours et blocages d’avenues. Beaucoup des personnes immigrées sont présentes, vivant au quotidien l’arrogance des forces de l’ordre et le chantage des lois et des patrons, quelques uns d’entre eux sont restés jusque dans la nuit, au moment où les flics ont dispersé le rassemblement.

Aux alentours de 1 heure du mat’, ils ont commencé à se positionner alors que nous étions plus d’une quarantaine de personnes autour d’un grand feu devant l’immeuble puis ont chargé… bras cassé, doigts foulés, cranes ouverts, etc sont les résultat d’un tabassage massif d’une centaine de keufs. Quelques groupes se sont rejoint et se sont défendus avec des petites barricades et des lancers de pierres contre les keufs, quelques vitrines de banques endommagées, des blocages de rues en divers points de la ville. 5 personnes ont été arrété.es, dont un chez lui dans la nuit et gardé.es au commissariat, quelqu’un.e.s ont été pris.es au dépourvu par l’assaut policier, d’autres chopé.es dans la ville par les DIGOS (“Département d’Investigation Général et d’Opérations Spéciales”, police politique, genre mixte B.A.C et R.G). Une chasse à l’homme et à la femme s’en est suivie durant la nuit, traqué.es par des fourgons, voitures officielles et civiles, quadrillant le centre de la ville et militarisant le quartier du squat. Pendant ce temps, les copains résistaient sur le toit dans le froid. Ils y ont passé le reste de la nuit avec pour seule vue les girophares.

Vers 8 heures le lendemain matin nous nous rassemblons de nouveau devant le squat. Très vite un “comité” de bouchers réactionnaires du marché s’improvise comme faux négociateurs pour faire descendre les copains, feintant de vouloir charger les flics pour leur faire monter la pression contre nous. Pendant ce temps, les digos et keufs, aidés par des militaires tabassent et arrètent des personnes, au hasard, de façon préméditée ou celles et ceux qui tentent de défendre des personnes. Au total 7 personnes sont chopé.es, certain.es tabassé.es au commissariat. Les 8 personnes du toit, voyant la situation avec les bouchers et les copains.nes se faire tabasser ont pris la décision de descendre. Ils ont été emmenés au commissariat et y sont restés environ 10 heures.

Etat des lieux des accusations : Les 8 du toit sont accusés d’occupation aggravée, vol d’électricité, dégradation d’immeuble aggravée pour cause d’obstruction à la justice (barricades), resistance, violence à personne dépositaire de l’autorité publique (soi-disant intoxication à l’amoniac). Les 8 ont tous une interdiction de territoire, soit de Turin pour les personnes de nationalité italienne pendant un an, soit de toute l’Italie pendant trois ans pour les personnes d’autres pays d’Europe… La date d’un éventuel procès n’est pas connue. Pour les autres, certain.es relaché.es sans accusation, d’autres accusées de résistance, de violence sur personne dépositaire de l’ordre public, de jet de projectile, et/ou assorti.es d’une interdiction de territoire italien pendant 3 ans. De vendredi matin à lundi soir : 3 personnes étaient en prison, et sont passées au Tribunal dimanche 31 octobre 2010 au matin, le rendu arrivé le 1er novembre, les trois sont relachés. L’un aura peut-être un procès pour rebellion et jet de projectiles, l’autre est interdit de territoire italien pour 3 ans et est accusé de rébellion, le dernier est en liberté conditionnelle avec obligation de signer trois fois par semaine et accusé de violence, coups et blessures sur personne dépositaire de l’autorité publique et de rébellion.

Des actions de solidarités et de réponse à l’expulsion ont été réalisées, par exemple l’attaque du local du journal CronacaQui Torino (équivalent à La Dépeche du Midi, le Dauphiné Libéré…) qui participe à la stigmatisation du “mouvement anarchiste local” et à la criminalisation des luttes et du coup l’isolement de tout acte de révolte. Le local des pompiers de Turin a aussi été attaqué, le même jour, car ce service collabore et facilite l’action des forces de police. Deux banques ont été vandalisées en solidarité aves les arretés et contre le capitalisme.

En guise de conclusion :

Le système repressif nous a une fois de plus porté des coups, marquants, laissant des bleus et des cicatrices, des interdictions et des obligations. Néanmoins nous gardons en souvenir la vie de cette intense occupation durant une semaine. Les liens et les pratiques qui s’y sont expérimentés restent, se renforcent et se sont nourris de cette situation. L’implantation du squat dans ce quartier populaire, en cours de gentrification, militarisé et fliqué, était prometteuse d’une résistance et d’une organisation collective importante. Nous continuerons à être présent.es à Porta Palazzo, dimanche prochain par exemple, des concerts et assemblées seront organisés dans la rue. Nous continuerons à faire des actions de solidarité aux enfermé.es et contre toutes les prisons. Nous continuerons à perturber la machine raciste d’arrestation et d’expulsion.

Ils peuvent expulser nos maisons et nos lieux d’organisation, tabasser et enfermer nos potes, mais ils n’éteindrons pas nos rages et n’empècheront pas nos luttes.

En Italie, en France, comme ailleurs occupons les maisons, les rues, et sabotons le système.

Ci- joint : tract diffusés devant le squat et dans tout le quartier en appel à bouffe le 5eme jour d’occupation. Une autre vision de Turin

Depuis le toit du Palazzo Occupato, on découvre Turin dans une perspective inhabituelle, nouvelle. Une perspective mise de côté du fait d’années d’abandon et de portes barricadées. En montant sur la terrasse, on domine la ville : on peut y lire le présent et le futur, le deviner. Pour la première fois on y voit la place du marché, avec ses étalages, la rencontre des multiples langues, la masse de personnes qui fourmillent chaque jour sur la place pour se débrouiller au mieux, et ainsi pouvoir gagner sa journée. Puis, on y voit aussi les voitures de la police, les jeeps de l’armée, les autos des policiers municipaux investir et aggresser la place pour poursuivre leur chasse aux pauvres, aux sans-papiers, aux vendeur.euses sans autorisation posté.es à l’angle. Si ensuite on relève un peu les yeux, se révèlent les montagnes entourant Turin. Et on ressent la menace du futur qui a été programmé pour cette ville : on imagine le gratte-ciel Intesa-Sanpaolo refermer la vue, on devine les montagnes bientôt mangées par les pelleteuses qui construiront la TAV. Un peu sur le côté s’élèvent le Commissariat et le Doigt de Mussolini, simboles du pouvoir passé et présent qui défendent le centre et protègent les vieux et les nouveaux patrons. Derrière se poursuit inexorablement la ville : on y voit le nouveau quartier Spina 3 avec ses immeubles dortoirs et ses énormes centres commerciaux, dessinant un nouveau visage à la ville, le visage de ces maisons-cercueils et de la consommation frénétique, qui viendront se substituer aux quartiers industriels. Les nouveaux objectifs de la spéculation immobiliere. Depuis le toit du Palazzo Occupato on lit la mutation de la ville, on entend les sons des conflits et des luttes qui y sont générées et on voudrait avoir la possibilité d’arrêter tout ça, de changer la direction de ce changement. Peut-être est-il mieux de terminer ici, de vous donner la possibilité d’expérimenter ce regard pour vous faire votre propre idée. Pour tous ceux et toutes celles qui veulent être avec nous, sur ce toit :

AUJOURD’HUI 26 OCTOBRE LE PALAZZO OCCUPATO T’OFFRE LE DEJEUNER. CUISINE SAINE ET SIMPLE AUX ENSEIGNES DE LA RECUP’ ET DE LA CONVIVIALITE. A PARTIR DE 13H CORSO REGINA MARGHERITA 128. DEJEUNER GRATUIT AU PALAZZO OCCUPATO.

Palazzo Occupato

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